Publié le 21/08/2024

Effacement de protection de berge à l'île des cailloux, l'évolution cinq ans après les travaux

Mercredi 21 août

Agir pour la rivière Allier fait partie des actions historiques du CEN Auvergne. Les premières actions, il y a plus de 30 ans, ont porté sur l'acquisition de terrains érodables. L'approbation en 2015 du SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux) Allier Aval a permis d’enclencher les premières actions de restauration de dynamique fluviale par l'effacement de protections de berge devenue aujourd'hui inutiles. Le chantier sur l'île des Cailloux à Maringues fut le deuxième de ce type : cinq ans après, quels en sont les résultats ?

La suppression d'enrochement en 2019

C'était en septembre 2019 : les 600 m3 d'enrochements de la protection de berge de l'Ile des Cailloux à Maringues étaient enlevés par le CEN Auvergne. Long de 140 mètres, cet aménagement avait été mis en place dans les années 1970 pour éviter l'érosion par l'Allier d'une plateforme d'extraction de granulats, depuis disparue. La protection de berge n'avait ainsi plus de réelle utilité mais empêchait toujours l'érosion des berges. Une érosion indispensable pour permettre à la rivière Allier de dissiper son énergie ! Son effacement porté par le CEN Auvergne dans le cadre du Contrat territorial Val d'Allier* avait donc pour objectifs de restaurer localement la dynamique fluviale de l'Allier, nécessaire à son bon fonctionnement, sa biodiversité et sa ressource en eau (utilisée notamment pour l'eau potable).

Une dynamique fluviale retrouvée

Ces travaux ont atteint leurs objectifs et l'Allier a depuis réactivé sa dynamique sur le site. En cinq ans, la berge de l'Allier, qui n'avait pas bougé depuis près d'un demi-siècle, a reculé par érosion de plus de 50 mètres. L'Allier a ainsi grignoté près d'1,2 hectare de plaine, représentant un rechargement sédimentaire de plus de 50 000 m3 ! Ces sables et graviers retournés dans la rivière contribuent à limiter son enfoncement et l'abaissement associé de la nappe d'eau alluviale. Sur le site, le lit moyen de l'Allier a doublé de largeur, façonnant de nouveaux milieux naturels et facilitant aussi le passage des petites crues. Ces processus de restauration sont étudiés plus finement par l'Université de Clermont-Auvergne. Passé cette phase de réajustement intense, la rivière a formé de nouveaux méandres qui devraient évoluer plus progressivement. La rivière peut de nouveau "respirer" et ainsi mieux s'ajuster aux aléas climatiques.

A gauche, l'Allier à l'île des cailloux en septembre 2019.... à droite, même point de vue en juillet 2024

Cette opération démontre que la rivière Allier a encore la capacité de recouvrer son fonctionnement si on lui en laisse la possibilité. En amont de ces travaux, des riverains et usagers avaient exprimé des craintes légitimes quant à leurs conséquences. Au final, sur ce site choisi pour son absence d'enjeu socio-économique fort, les effets directs de cette restauration sont peu impactants, pour des services rendus importants en termes de fonctionnement de la rivière, de biodiversité et de ressource en eau.


* Cette opération a été réalisée avec le soutien financier de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, l’Union européenne et de Département du Puy-de-Dôme.