Vie du CEN Auvergne - Publié le 26/07/2022

À la recherche de la mulette épaisse !

Sur la partie Sud de la rivière Allier dans le Puy-de-Dôme, le Conservatoire d’Espaces Naturels d’Auvergne (CEN) a récemment fait réaliser des prélèvements d’eau afin d’analyser l’ADN environnemental (ADN que les espèces laissent dans leur environnement), pour confirmer la présence dans la rivière de la mulette épaisse, petite moule d’eau douce (Unio crassus de son nom latin).

 

 

La mulette épaisse, une espèce rare protégée

Inscrite sur liste rouge des espaces menacées en France, comme une grande partie des bivalves (mollusques munis d'une coquille à deux valves.), cette petite moule d’eau douce vit dans les fonds des ruisseaux et des fleuves sableux. Elle est menacée par la perturbation généralisées de son milieu de vie : mauvaise qualité de l’eau, détérioration du fond des rivières ou encore baisse des populations d'espèces hôtes, qu’elle « parasite » au stade larvaire. Espèce protégée en Europe depuis 1992 et en France depuis 2007, la Mulette épaisse reste menacée dans notre pays car sa détection étant compliqué, les mesures de protection ne sont pas toujours mises en place par méconnaissance.

 

L’ADN environnemental pour détecter la présence d’espèces

 

Ce printemps, Sylvain Vrignaud (malacologue indépendant) a réalisé une dizaine de prélèvements d’eau sur l’Allier, en vue de faire des analyses d’ADN environnemental. Le prélèvement se fait grâce à une pompe qui fait passer l’eau jusqu’à un dispositif stérile de prélèvement, composé d’un filtre pour bloquer les sédiments et autres impuretés.





Ce procédé est de plus en plus utilisé ces dernières années, les progrès techniques ayant permet de réduire son coût ainsi que le temps d’analyse des données en laboratoire. Il permet l’identification d’espèces à partir de l'ADN que celles-ci laissent dans leur environnement. On peut détecter la présence d’une espèce jusqu’à 7 à 8 kilomètres de son point d’émission, ce qui rend possible large échantillonnage du milieu.Pour une espèce comme la mulette, cette technique est très précieuse, car son observation et son identification sont difficiles par les méthodes plus classiques (recherche sous l’eau ou collecte de coquilles sur les berges), les connaissances sur sa répartition globale restent donc très partielles.

La suite ?

Ces prélèvements ont été envoyés pour analyse dans un laboratoire spécialisé, les résultats seront connus sous trois mois. Si la présence de la mulette épaisse est confirmée, cela permettra de la prendre en compte lors de travaux dans la rivière afin de la protéger d’autant mieux. Dans le cas contraire des recherches seront menées pour comprendre son absence de l’Allier.

Lors de l’analyse, les autres espèces de bivalves présentes dans la rivière seront aussi détectées, donnant à voir toutes les espèces vivant dans la rivière. En conclusion, l’ADN environnemental est une véritable mine d’informations !