Haute-Loire - Publié le 24/09/2021

Le groupe d’études des tourbières en Haute-Loire

Vendredi 24 septembre

Association regroupant des experts et/ou gestionnaires de tourbières, le Groupe d’étude des tourbières (GET) se réunit une fois par an sur le terrain. Ces visites sont l’occasion de découvrir ou redécouvrir des sites naturels, d’échanger sur les pratiques et les retours d’expériences mais aussi de collectivement réfléchir sur des problématiques précises. En septembre, un groupe de 40 bénévoles en provenance de toute la France s’est retrouvé en Haute-Loire du 10 au 12 septembre. Trois sites naturels gérés par le CEN Auvergne ont été au programme des visites.

1ère étape : le marais de Limagne

D’origine volcanique, la tourbière du marais de Limagne s’est développée dans un maar (cratère volcanique explosif issu de la rencontre entre le magma et l’eau) et constitue un site incontournable en Haute-Loire, avec la présence d’espèces rares et exceptionnelles comme le Lycopode inondé. Le marais de Limagne, c’est aussi une bonne dose de mystère : depuis une quarantaine d’années,  la végétation de ce site semble changer rapidement avec un développement important des sphaignes et des arbres … et un bouleversement aussi rapide pour ce genre de milieux, de mémoire d’expert, c’est plutôt inédit ! Les recherches se poursuivent depuis plusieurs années pour essayer de comprendre les origines de ces changements. Un carottage réalisé sur place dans 6 mètres de tourbe (à Limagne, ces 6 mètres d’accumulation donnent une vision d’approximativement les 10 000 derniers années de vie de la tourbière !) n’a pas permis de visualiser d’événement majeur. Le mystère reste donc entier : le CEN Auvergne va donc poursuivre les investigations par le biais d’études pour tenter de comprendre ce qui se joue ici…

2ème étape : la tourbière de Goudoffre

Cap sur les Estables pour cette seconde escale CEN-ienne afin de découvrir la tourbière de Goudoffre et les travaux de restauration qui ont été réalisés sur le cours d’eau qui alimente le site naturel. Jusqu’en 1935, l’extraction de la tourbe artisanale a porté atteinte à l’intégrité des milieux, ainsi que le pâturage du site jusqu’en 1999, date à laquelle le CEN a mis en défens la tourbière. S’il reste aujourd’hui peu de tourbe au sein même du site géré par le CEN, le groupe a pu observer la reprise de la turfigenèse, ce qui est une bonne nouvelle ! Le groupe propose au CEN de travailler avec l’appui des cartographies et des relevés LIDAR (réalisés sur la base de télédétection et de télémétries permettant de réaliser des matrices 3D des lieux étudiés), pour identifier les écoulements d’eau historiques alimentant la tourbière et les zones tourbeuses autour du site. De belles observations naturalistes ont également été relevées : des pontes d’œufs d’Azuré des mouillères sur la Gentiane pneumonanthe confirment la présence du papillon, et deux mousses remarquables ont été observées : Phagnum teres et Hamatocaulis vernicosus.

3ème et dernière étape : la tourbière des Couffours

C’est avec le grand public et dans le cadre de la fête des tourbières sur le Mézenc que s’est effectuée la dernière visite du GET avec le CEN Auvergne, sur la tourbière des Couffours. Des prélèvements réalisés à l’aide d’un carottier russe (conçu de manière à récolter des échantillons « propres » de tourbe) ont permis la découverte, dans des zones actuellement boisées, de graines de Trèfle d’eau emprisonnées et conservées dans la tourbe à environ 40 cm de profondeur. Cette zone a donc été auparavant complètement inondée, laissant imaginer un paysage tout autre ! C’est sous le regard perçant d’un Circaète Jean-le-Blanc que le séjour du GET s’est terminé, laissant les participants repartir, des nouvelles connaissances en tête et des questions à résoudre !